Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/416

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nonça. Mais tu me repousses, comme tu repousses tout ce qui s’approche de toi avec amour et dévouement, tandis que tu te laisses mystifier par des hallucinations absurdes et diaboliques ! — Eh bien, meurs donc seul et délaissé ! que de cupides valets guettent incessamment ton heure dernière et se partagent tes dépouilles avant même que tes yeux, fatigués de la vie, ne soient entièrement clos. Au lieu des soupirs plaintifs, des regrets sincères de ceux qui voulaient adoucir par leur amour le reste de ta vie, que tu entendes en mourant les rires moqueurs, les insolentes plaisanteries des mercenaires, dont tu auras vainement acheté les soins à prix d’or ! — Jamais, jamais tu ne me reverras plus. »

Le jeune homme allait se précipiter dehors, quand il vit Julie prête à tomber par terre et poussant de douloureux sanglots. Il s’élança promptement vers elle, la reçut dans ses bras, et la pressant tendrement sur son sein, il s’écria avec l’accent déchirant d’un désespoir inconsolable : « Ô Julie, Julie ! tout espoir est perdu ! » —

Reutlinger était resté immobile, tremblant de tous ses membres, et sans proférer une parole ; ses lèvres, convulsivement serrées, ne pouvaient articuler une syllabe. Mais lorsqu’il aperçut Julie dans les bras de Max, il poussa des cris violents comme un insensé. Il s’avança vers eux d’un pas hardi et vigoureux, il saisit la jeune fille dans ses bras, et, la soulevant en l’air, il lui demanda d’une voix étouffée : « Aimes-tu ce Max, Julie ? — Comme ma vie ! répliqua Julie avec l’expression de la plus amère douleur. Le poi-