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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/453

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ment vêtu, un caractère singulier de bonté, et je ne sais quelle provocation à la confiance. Je ne fis aucune difficulté de lui dire franchement que mon extrême préoccupation avait pour objet une jeune fille d’une beauté ravissante que je voyais dans mon miroir à la fenêtre de la maison située derrière nous. J’allai plus loin, je demandai au vieillard s’il n’avait pas lui-même remarqué cette merveilleuse apparition.

« Là-bas ? dans cette maison délabrée ? — à la première croisée ? me demanda le vieillard tout interdit.

» Oui, oui ! » répondis-je. Alors le vieillard sourit très-expressivement et répartit : « Eh bien, voilà pourtant une bizarre illusion. Eh bien ! de mes vieux yeux, monsieur, — Dieu daigne me les conserver ! — Hélas ! oui, de mes yeux dépourvus de lunettes, monsieur ! j’ai bien vu le joli visage dont vous parlez ; à cette croisée, mais c’était, à ce que j’ai pu juger, un portrait à l’huile, fort habilement peint à la vérité. » Je me retournai aussitôt vers la fenêtre : tout avait disparu ! la jalousie était baissée.

« Oui, monsieur ! poursuivit le vieillard, à présent il est trop tard pour s’en convaincre ; car le domestique qui garde, en qualité d’intendant, comme je le sais, ce pied à terre de la comtesse de S***, vient justement de retirer le tableau après l’avoir épousseté, et il a baissé la jalousie.

» Est-il bien sûr que ce fut un portrait ? demandai-je d’un air et d’une voix consternés. — Fiez-vous à mes yeux, répondit le vieillard. N’ayant vu dans