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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/454

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votre miroir que le reflet du tableau, vous avez été plus facilement abusé par l’illusion d’optique ; et moi-même, quand j’étais à votre âge, j’aurais bien pu, grâce au feu de l’imagination, évoquer aussi à la vie un portrait de jolie fille !

« Mais la main et le bras remuaient pourtant ! m’écriai-je. — Oui, oui ! ils remuaient ; tout remuait ! » dit le vieillard en souriant encore et en me frappant doucement sur l’épaule. Puis il se leva et me quitta avec un salut plein de politesse, en disant : « Gardez-vous mieux des miroirs qui mentent aussi effrontément. Votre très-humble serviteur ! » —

Vous devez penser ce que j’éprouvai en me voyant traité de la sorte comme un visionnaire aveugle et insensé. Enfin, je me persuadai que le vieillard avait raison, et que mon esprit frappé avait seul fait les frais de cette illusion bizarre qui m’avait si honteusement mystifié.

Plein d’humeur et de dépit, je courus me renfermer chez moi, avec la ferme résolution de m’abstenir de toute pensée relative aux mystères de la maison déserte, et de ne plus fréquenter l’avenue fatale, au moins durant quelques jours.