Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/459

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long-temps que vous le pourrez, et ensuite, après une bonne promenade, livrez-vous à la société de vos amis, que vous avez pendant si long-temps négligée. Mangez des mets nourrissants, buvez du vin pur et généreux. Vous voyez que je veux seulement combattre votre idée fixe, c’est-à-dire l’apparition de cette figure à la fenêtre de la maison déserte, source de tout le mal, et qu’il s’agit de diriger votre pensée sur d’autres objets, tout en fortifiant votre corps. Secondez-moi donc loyalement dans ce but par vos propres efforts. »

Il m’en coûtait de me séparer du miroir. Le docteur, qui déjà s’en était emparé, parut le remarquer. Il souffla dessus, et me demanda, en me le mettant sous les yeux, si je voyais quelque chose. — « Pas la moindre chose, » répliquai-je. Et cela était vrai. — « Soufflez vous-même sur le miroir, » reprit le docteur en me le présentant. Je le fis, et aussitôt l’image miraculeuse m’apparut plus distinctement que jamais. « La voilà ! » m’écriai-je à haute voix. Le docteur jeta un coup d’œil sur la glace et dit : « Je ne vois absolument rien ; mais je ne vous cacherai pas qu’au moment où j’ai regardé j’ai ressenti une impression de terreur qui s’est pourtant évanouie aussitôt. Vous voyez que je suis tout-à-fait sincère, et que cela même doit me concilier votre confiance. Répétez encore une fois l’essai. »

J’obéis, tandis que le docteur, m’entourant de ses bras, appliquait la paume de sa main sur mon épine dorsale. La figure reparut, le docteur regardait la glace en même temps que moi. Je le vis pâlir, il me