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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/460

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retira le miroir des mains, l’examina de nouveau, puis le serra dans son bureau, et revint vers moi après être resté durant quelques secondes silencieux et les mains posées sur son front. « Suivez exactement mes prescriptions, me dit-il. Quant à ces moments où vous croyez sentir votre propre moi hors de vous avec une vive douleur physique, je conviens qu’une aberration semblable me paraît fort incompréhensible, mais j’espère pouvoir bientôt vous en dire là-dessus davantage. »

Malgré la pénible contrainte qu’il fallut m’imposer, je mis une volonté ferme et invariable à observer strictement les recommandations du docteur, et quoique j’éprouvasse efficacement l’influence salutaire du régime prescrit et de ma constante application d’esprit à des objets étrangers, je ne fus pas cependant complètement délivré de ces terribles accès qui revenaient ordinairement à midi dans le jour, et à minuit avec bien plus d’énergie. Même au milieu d’une société joyeuse, au sein de l’ivresse et du plaisir, il me semblait souvent que des coups de poignard acérés et brûlants pénétrassent dans mon cœur, et toute la puissance de ma volonté était incapable de m’y soustraire ; j’étais obligé de me retirer et d’attendre le terme de cette espèce de défaillance.

Un certain soir, je me trouvais dans une réunion où l’on parla beaucoup de l’action des essences immatérielles, des phénomènes psychiques, et des mystérieux effets du magnétisme. On mit surtout en question la possibilité de l’influence à distance d’un