Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/463

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que qu’elle est vieille, et surtout la traiter de stupide ? Il faudrait donc faire le même reproche à toutes les époques où les hommes se sont permis de penser, et par conséquent à la nôtre aussi. C’est une bizarrerie étrange que de nier de propos délibéré des faits constatés souvent avec la précision et le sévère contrôle qui président à une enquête juridique. Pour moi, je suis loin de partager l’opinion d’après laquelle il n’y aurait pas même une seule clarté visible dans le sombre et mystérieux empire où réside notre esprit, qui nous puisse servir de guide ; mais au moins m’accordera-t-on que la nature n’a pas donné aux taupes plus d’instinct et de génie qu’à nous autres hommes. Eh bien ! tout aveugles que nous soyons, nous nous efforçons d’avancer en nous frayant comme elles des routes ténébreuses ; mais de même que l’aveugle sait reconnaître au frémissement du feuillage, au bouillonnement de l’eau qui s’épanche, l’approche de la forêt qui l’accueille sous ses frais ombrages, le voisinage du ruisseau qui le désaltère, et trouve ainsi à satisfaire ses désirs et ses besoins, de même pouvons-nous pressentir aux souffles mystérieux des esprits inconnus qui nous effleurent de leurs ailes, que nous approchons du but de notre pèlerinage, de la pure source de lumière où nos yeux devront se dessiller. »

Je ne pus me contenir plus long-temps. « Vous admettez donc, dis-je en m’adressant directement au médecin, la prépondérance d’un principe spirituel étranger capable d’assujettir notre volonté en dépit d’elle-même ?