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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/467

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exister entre cette femme et lui.— L’ordre fut donné à son corps de marcher en avant. La voiture du colonel attendait toute chargée devant la porte ; il déjeunait, mais au moment où il portait à ses lévres un dernier verre de Madère, il tomba de sa chaise avec un cri étouffé : il était mort ! Les médecins déclarèrent qu’il avait été frappé d’une apoplexie nerveuse.

» Quelques semaines aprés, une lettre à l’adresse du colonel me fut remise. Je n’eus aucun scrupule de l’ouvrir, dans l’espoir d’y trouver peut-être quelque renseignement sur la famille du colonel, et de pouvoir l’instruire de sa mort subite. La lettre venait de Pise, et contenait ce peu de mots sans aucune signature : “Infortuné ! aujourd’hui sept ..... à midi, Antonia, en embrassant avec des transports d’amour ton ombre imaginaire, est tombée morte !” Je consultai le calendrier où j’avais noté le jour et l’heure de la mort du colonel, c’était les mêmes que ceux signalés parle décès d’Antonia !… »

Je n’entendis plus rien de ce que le narrateur ajouta encore à son histoire ; car au milieu de l’effroi qui me saisit en reconnaissant mon état dans celui du colonel italien, je fus si douloureusement impressionné par le désir de revoir l’image de mes rêves, tellement subjugué par cette idée exclusive, que je me levai malgré moi, et courus comme un insensé à la maison déserte.

Il me sembla de loin voir briller des lumières au travers des jalousies fermées ; mais lorsque j’approchai, la lueur avait disparu. Dans le transport d’une