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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/480

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profondes défaillances eurent offert des symptômes qui firent craindre pour ses jours, il céda aux conseils des médecins, et partit soi-disant pour Pise : — Gabrielle ne put pas l’accompagner à cause de son état de grossesse, et toutefois sa délivrance n’eut lieu que plusieurs semaines plus tard.

Ici, m’a dit le médecin, les demi-confidences de la comtesse Gabrielle de S*** deviennent tellement incohérentes, qu’il faut une grande pénétration pour en saisir le sens intime et l’enchaînement réel. Bref, son enfant, une petite fille, disparut de son berceau d’une manière inconcevable, et toutes les recherches à son sujet furent infructueuses. — Sa désolation est au comble, lorsqu’à la même époque, son père, comte Z***, lui mande l’affreuse nouvelle qu’il avait trouvé son gendre, qu’on croyait à Pise, dans la maison d’Angélique, à B...., où il venait de mourir sous ses yeux d’une apoplexie nerveuse, qu’Angélique était tombée depuis ce moment-là dans une démence épouvantable, et que lui-même ne survivrait pas long-temps à cet excès de calamité.

Dès que la jeune comtesse eut recouvré assez de force, elle se rendit dans les terres de son père. Au milieu d’une nuit d’insomnie, troublée par le souvenir et l’image de son époux perdu, de sa fille perdue, elle croit entendre un faible gémissement à la porte de sa chambre à coucher. Elle s’enhardit, se léve, allume un flambeau à sa lampe de nuit, et sort. — Dieu tout puissant ! accroupie à terre, enveloppée dans son châle rouge, la vieille bohémienne la regarde fixement, d’un œil terne et hagard ; mais elle tient