Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/482

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de lui faire quitter sa retraite. Dans un intervalle lucide, elle supplia son père, en versant des torrents de larmes, de la laisser mourir dans cette maison, ce qu’il lui accorda avec une douloureuse émotion.

Il n’attribua pourtant qu’à un nouvel écart de démence l’aveu qui, à cette occasion, échappa de ses lévres. Elle prélendit que le comte de S*** était revenu dans ses bras, et que l’enfant porté par la bohémienne dans le château de Z.... était le fruit de leur tendre union.

On croit dans la Résidence que le comte Z*** a emmené avec lui l’infortunée dans ses terres, tandis qu’elle reste ici profondément cachée dans la maison déserte, sous la surveillance du vieux valet de chambre. — Le comte Z*** est mort il y a quelque temps et la comtesse Gabrielle de S*** est venue à B.... avec Edwine pour arranger des affaires de famille. Elle ne pouvait pas se dispenser de visiter sa malheureuse sœur, et cette entrevue a dû être signalée par d’étranges circonstances ; mais la comtesse ne s’est pas expliquée à ce sujet. Elle m’a dit seulement brièvement qu’il était devenu nécessaire de soustraire la pauvre folle à la tyrannie du vieux valet de chambre. On a su qu’il avait usé à son égard, pour réprimer ses accès, de traitements durs et cruels, et en outre, qu’abusé par la prétention extravagante d’Angélique de savoir faire de l’or, il s’était laissé induire à entreprendre avec elle toutes sortes d’opérations mystérieuses, et à lui procurer ce qu’elle réclamait à cet effet.

Il serait tout-à-fait superflu (telle fut la conclu-