Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/607

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Partout, les couvents, les collèges, les églises même des Jésuites sont bâties dans le style italien imité de l’antique, mais qui l’emporte de beaucoup par la richesse et l’élégance sur la noblesse et l’austérité religieuse. C’est ainsi qu’étaient décorées avec luxe les galeries spacieuses et brillamment éclairées que je parcourais, et où les portraits de saints appendus çà et là entre les colonnes d’ordre ionique contrastaient singulièrement avec les peintures des trumeaux représentant des petits génies dansants, ou même des mélanges de fruits et de mets délicats. Le professeur entra : je me recommandai de mon ami, qu’il se rappela, et je réclamai son hospitalité pendant mon séjour passager. Je trouvai le professeur tout-à-fait tel que mon ami me l’avait dépeint : beau parleur, ayant l’usage du monde, bref, un prêtre aimable et distingué dans toute l’acception du mot, et qui avait assez souvent regardé par-dessus son bréviaire dans la vie pour savoir au juste quel est le train des choses. À la vue de sa chambre ornée et meublée avec une élégance toute moderne, l’idée que m’avait inspirée l’observation des galeries me frappa de nouveau, et je la communiquai franchement au professeur.

« Il est vrai, me répondit-il, nous avons banni de nos bâtiments ce caractère sévère, cette sombre majesté, emblème d’une domination fatale et tyrannique, et qui nous cause, dans le style gothique, une oppression si étrange, parfois même un frissonnement d’angoisse insurmontable. Peut-être doit-on nous savoir gré d’avoir imprimé à nos édifices cette