Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/628

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— Lorsque Birckner m’annonça la résolution de mes parents, je sautai en l’air de joie et de surprise. Jusqu’au jour de mon départ, je ne fis que me promener et courir au hasard comme un fou ; il me fut impossible de travailler durant un quart-d’heure au Musée, et il fallait, bon gré, malgré, que l’inspecteur de l’école et que tous les peintres qui avaient voyagé en Italie répondissent à mes questions sur cette contrée et sur les chefs-d’œuvre qui s’y trouvent. — Enfin, le jour et l’heure arrivèrent. Ma séparation d’avec mes parents fut douloureuse : en proie au triste pressentiment qu’ils ne devaient plus me revoir, ils ne pouvaient se résoudre à me dire adieu. Mon père lui-même, qui d’habitude faisait preuve de fermeté et de résolution, avait de la peine à garder une contenance assurée. — « L’Italie ! l’Italie ! tu vas la voir ! » me répétaient avec enthousiasme mes camarades. L’ardeur de mes désirs s’accrut alors en proportion de l’émotion profonde qui m’agitait, et je m’éloignai avec précipitation... À peine eus-je perdu de vue la maison paternelle, qu’il me sembla déjà voir s’ouvrir devant moi une carrière d’artiste large et féconde !

Berthold, quoiqu’exercé dans tous les genres de la peinture, s’était adonné de préférence au paysage, et il espérait trouver à Rome d’amples ressources pour cultiver son goût dominant. Mais il se trompait, car au milieu du cercle d’artistes ou d’amateurs dans lequel il se trouva lancé, il s’entendit répéter invariablement et chaque jour que la peinture historique avait seule de l’importance, qu’elle était le