Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/630

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qu’autrefois, et il en vint à douter sérieusement de la réalité de sa vocation.

« Mes plus chères espérances semblent vouloir s’évanouir. Ah ! mon digne maître, mon parfait ami, écrivait-il à Birckner, tu m’as cru capable de faire un jour de grandes choses ; mais ici, où je devais si clairement lire dans mon avenir, hélas ! je me suis aperçu que ce que tu nommais du véritable génie d’artiste, était tout au plus du talent, une certaine facilité pratique de la main. Dis à mon père et à ma mère que je retournerai bientôt près d’eux pour apprendre un métier quelconque qui puisse désormais me faire vivre, etc. »

Birckner lui répondit : « Oh ! si je pouvais être auprès de toi, mon cher fils, pour soutenir ton courage dans ta fâcheuse disposition d’esprit ! Mais crois-moi, tes doutes parlent encore en ta faveur, et sont la meilleure preuve de ta véritable vocation. Celui qui, plein d’une confiance inaltérable en ses forces, s’imagine avancer constamment de progrès en progrès, est un fou aveugle qui s’abuse lui-même ; car il manque, pour atteindre le but, de l’aiguillon le plus nécessaire, c’est-à-dire du sentiment de son infériorité. Prends courage ! bientôt tu te fortifieras, et tu seras alors content de tes œuvres, non pas d’après le jugement ni l’approbation de tes collègues, qui peut-être ne sont nullement en état de les apprécier, et qui sans doute suivent et suivront toujours une triviale routine de métier, tandis que tu le seras frayé un chemin nouveau, et approprié à la vraie nature de ton ta-