Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/631

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lent ; et soit que tu te décides alors pour le genre historique ou pour le paysage, tu ne songeras plus à un indigne démembrement des nobles branches d’un même tronc. »

Justement à l’époque où Berthold reçut cette réponse consolante de son vieux maître, le nom et la réputation de Philippe Hackert étaient hautement proclamés dans Rome. La grâce merveilleuse et la perfection de quelques-uns de ses ouvrages qui s’y trouvaient exposés confirmaient tous les éloges dont il était l’objet, et les peintres d’histoire eux-mêmes reconnaissaient à cette imitation patiente et nette de la nature inanimée une beauté et un mérite particuliers. Berthold se sentit ranimé. Il n’entendait plus rabaisser d’une commune voix la spécialité de l’art qu’il affectionnait le plus. Il voyait un de ses sectateurs estimé et vanté sans réserve. Son esprit fut frappé comme d’un éclair de l’idée qu’il devait partir pour Naples, et se faire l’élève de Hackert. Dans le transport de sa joie, il écrivit à Birckner et à ses parents qu’après de pénibles efforts il avait trouvé enfin le vrai chemin, et qu’il espérait acquérir bientôt dans sa partie un nom d’artiste honorable.

Le brave allemand Hackert accueillit avec bienveillance son jeune compatriote, qui ne tarda pas à rivaliser avec le maître lui-même. Il se distinguait par une grande habileté à reproduire fidèlement d’après nature toute espace d’arbres et de végétaux, et il ne réussissait pas moins bien à rendre les effets de brouillard et les ciels vaporeux qu’on remarque