Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/640

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en général, s’attachait surtout avec une prédilection enthousiaste à la traduire sous l’aspect du modèle humain, le point d’appui fondamental qui devait, selon lui, préserver l’artiste de toute aberration chimérique. Tandis que Florentin, dans leurs promenades, s’arrêtait çà et là pour dessiner un groupe original, Berthold, muni du livre de croquis de son ami, s’occupait de les copier et cherchait à bien rendre la figure ravissante de sainte Catherine, ce qui lui réussit enfin assez bien, quoiqu’il fit encore de vains efforts, comme à Rome, pour donner a ses dessins la vie et l’animation de l’original. Il s’en plaignit à Florentin, qu’il estimait bien supérieur à lui-même sous le rapport théorique, et lui raconta en même temps tout ce que le Maltais lui avait dit à propos de l’art.

« Eh ! cher Berthold, lui répondit Florentin, le Maltais a raison. Je mets aussi un beau paysage absolument sur la même ligue que les tableaux d’histoire les plus remarquables d’inspiration que nous aient laissés les anciens. Mais je pense que le meilleur moyen pour ne jamais s’égarer dans une fausse route est de se rendre d’abord familiers les types de la nature vivante que nous sommes plus aptes à apprécier. Je te conseille, ami, de t’habituer à dessiner des figures, et de coordonner les idées sur cette base. Peut-être l’obscurité qui t’environne se dissipera-t-elle. »

Berthold suivit le conseil de son ami, et il vit s’évanouir d’abord, comme par enchantement, les