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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/641

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sombres nuages qui offusquaient son esprit. — Je faisais de pénibles efforts pour me figurer d’une manière nette et précise ce qui reposait au fond de mon âme comme un pressentiment confus, et pour formuler intelligiblement les images hiéroglyphiques de mes rêves. C’étaient toujours à présent des figures humaines combinées à l’infini, et qui venaient se confondre en un foyer unique et lumineux. J’imaginais que ce centre rayonnant devait être le symbole de la figure la plus délicieuse qui eût jamais apparu à l’imagination d’un peintre : mais je me consumais en de vaines tentatives pour saisir et fixer ces traits célestes que j’entrevoyais dans mes songes entourés d’une sainte auréole. Je ne pus parvenir à une ressemblance, même imparfaite, de ma vision, et je dépérissais de désir et de douleur.

Florentin s’aperçut de l’état d’exaltation fébrile de son ami, et fit tout ce qu’il put pour le consoler, en lui répétant que cela était à coup sûr le symptôme de son initiation à la lumière et a la vérité. Mais Berthold épuisé, désespéré, errait solitaire, en proie à de décevantes illusions, et voyait toute sa persévérance rester stérile comme les vagues efforts d’un débile enfant.

À peu de distance de Naples était située la villa d’un duc, d’où l’on jouissait de la magnifique perspective de la mer et du Vésuve, et dont le propriétaire se faisait un plaisir d’accueillir hospitalièrement les artistes étrangers, et surtout les peintres de paysages. Berthold y était allé plus d’une fois pour