Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/653

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lait la couleur avec un gros pinceau, je descendis à la sourdine de l’échafaudage, et j’allai, au sortir de l’église, chez le professeur, qui se moqua joliment de mon indiscrète curiosité.

Ma voiture était réparée ; je quittai G.... et le professeur Aloysius Walter, qui me promit de me faire part sans délai de ce qui pourrait arriver de nouveau au peintre Berthold.

Six mois après environ, je reçus effectivement une lettre du professeur, qui s’étendait fort longuement sur le plaisir que lui avait procuré mon court séjour dans sa résidence ! À l’égard de Berthold, il m’informait de ce qui suit : « Peu de temps après votre départ, notre original d’artiste s’est montré plus bizarre que jamais. Il est devenu tout-à-coup d’une gaîté extrême, et il a terminé, avec un succès prodigieux, le grand tableau d’autel, devenu un objet d’admiration générale. Ce travail achevé, il a disparu ; et comme il n’avait rien emporté avec lui, comme on a trouvé quelques jours après son chapeau et sa canne sur le bord de la rivière d’O..., nous croyons tous ici qu’il s’est donné volontairement la mort. »