Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/705

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hommes qui sont bien mal dans tes papiers, je sens pourtant mon affection pour toi s’accroître de plus en plus, mon brave Berganza ! Permets-moi de t’en donner, tout-à-fait sans intention, un témoignage qui ne peut, je le sais, que t’être infiniment agréable.

Berganza s’approcha de moi en reniflant légèrement, et je lui grattai doucement le dos en promenant ma main plusieurs fois de sa tète à sa queue ; il balançait la tète de droite et de gauche en murmurant de plaisir, et se prêtant au contact de la main bienfaisante. Enfin, quand elle cessa d’agir, nous reprîmes notre entretien.

BERGANZA.

Chaque sensation corporelle agréable me rappelle toujours à l’esprit les souvenirs les plus gracieux, et au moment où je parle je viens de voir m’apparaître l’image de la charmante Cécile, telle que je la vis un jour, avec sa simple robe blanche et ses cheveux bruns noués élégamment en tresses brillantes, comme elle sortait du salon, les yeux en pleurs, et se dirigeant vers sa chambre. J’allai au-devant d’elle, et je me couchai en rampant à ses pieds, suivant mon habitude. Elle me prit alors avec ses deux petites mains par la tête, et me contemplant avec ses beaux yeux, qu’une larme humectait encore, elle s’écria : « Hélas !… hélas ! ils ne me comprennent pas ! personne ! ma mère non plus… — Si je pouvais m’expliquer devant toi, toi, ô mon chien fidèle ! si je pouvais t’ouvrir le fond de mon cœur ?… mais com-