Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/707

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MOI.

Tu t’écartes encore tout-à-fait de ta catastrophe.

BERGANZA.

Je voulais seulement te dire que ma maîtresse, la mère de Cécile, avait su attirer chez elle tout ce qu’il y avait dans la Résidence d’artistes et de savants de quelque réputation ; et grâce à ses relations intimes avec les familles les mieux pourvues en talents de toute espèce, elle avait fondé dans son hôtel un cercle scientifique, esthétique et littéraire, dont elle s’était faite la directrice. Sa maison était en quelque sorte une bourse poétique, artistique, où se traitaient une multitude d’affaires avec force jugements sur l’art, et dont maints ouvrages, ou même parfois les noms d’artistes véritables étaient l’objet. — Les musiciens, il faut en convenir, sont des gens bien bizarres !

MOI.

Comment cela, Berganza ?

BERGANZA.

N’as-tu pas remarqué que les peintres sont pour la plupart d’humeur chagrine et si maussades qu’aucun des plaisirs de la vie ne peut triompher de leur mélancolie ; et quant aux poètes, que leurs ouvrages seuls sont capables de leur procurer une satisfaction réelle !… Mais les musiciens planent d’un pied léger par-dessus tout : bons vivants, gourmets et buveurs