Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/721

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soit au caractère tendre ou gai du morceau ? Et une grande partie de l’effet qu’ils se proposent de produire ne dépendra-t-elle pas de la justesse de ce choix ? Un vêtement d’une couleur brillante relève souvent un personnage commun, ainsi que la richesse du ton fait valoir un thème médiocre ; et de là vient que souvent des vers dépourvus, il est vrai, d’un sens profond et frappant, et effleurant à peine la pensée, captivent néanmoins l’esprit, comme le ferait une apparition vaporeuse et fantastique par la grâce de la forme, par l’élégant entrelacement des rimes, et exercent ainsi, abstraction faite de ce que la raison pourrait y chercher, une séduction mystérieuse à laquelle une organisation sensible voudrait en vain résister.

MOI.

Oui, mais l’abus qu’ont fait de ce système tant de brocanteurs de forme poétique !

BERGANZA.

Cet abus prétendu pourrait bien trouver son remède dans son application même. Mon avis est que cette rigoureuse observation de la métrique, tellement en crédit aujourd’hui, est la conséquence des tendances plus sérieuses, plus profondes, qui distinguent dans toutes les branches de l’art et de la littérature notre époque critique et rénovatrice. Naguère, en effet, lorsque chaque poète ou soi-disant tel, se créait lui-même, pour chacune de ses