Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/723

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canzoni ne manquaient pas d’une certaine harmonie, d’une certaine grâce d’expression qui fascinaient l’esprit et l’oreille. Il était, comme presque tous les poètes, et conformément en quelque sorte à une loi du métier, de nature amoureuse, et il professait pour Cécile une adoration platonique pleine de respect et d’ardeur. À son exemple, le musicien, d’ailleurs beaucoup plus âgé, se plaisait à faire la cour à la jeune fille d’une manière tout à fait sentimentale, et tous deux donnaient souvent le spectacle d’une lutte d’émulation fort comique, par les mille petites galanteries dont ils se piquaient, à l’envi l’un de l’autre. Doués d’une instruction réelle et d’un esprit fin, ils ne supportaient les parades musicales, déclamatoires et mimiques de la dame que par amour pour Cécile, qui les distinguait sensiblement d’entre tous les jeunes fats, dont l’essaim voltigeait autour d’elle ; aussi elle récompensait leur empressement chevaleresque par une franchise gaie et naïve qui mettait le comble à leur enthousiasme et à leur passion. Souvent une parole amicale, un regard affectueux qu’elle accordait à l’un, suscitait chez l’autre une jalousie comique, et rien n’était plus divertissant que de les voir, comme les troubadours du moyen-âge, se porter des défis à qui célébrerait le mieux dans ses odes et ses chansons les grâces et les attraits de Cécile.

MOI.

C’est un tableau intéressant, et ces relations tendres et naïves d’un cœur innocent avec l’artiste,