Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/728

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aura été bien élevée, exempte de préjugés, et dont l’esprit aura profité, dans l’âge adulte, d’une culture éclairée, t’offrira toujours un entretien agréable, pourvu que tu consentes à ne pas sortir d’une certaine sphère, et que tu n’abordes pas les idées d’un ordre supérieur. Si elle est spirituelle, elle ne manquera pas d’aperçus et de mots plaisants ; mais au lieu d’un caractère d’enjouement naturel et de la pure conception du comique absolu, ce seront plutôt de brillantes saillies dues à une humeur secrète, et dont l’éclat d’emprunt ne saurait t’abuser et te divertir que momentanément. Est-elle jolie ? elle ne cessera jamais d’être coquette, et ton intérêt pour elle se transformera alors en une passion luxurieuse assez triviale, pour ne pas me servir d’un terme plus caractéristique, telle qu’une jeune fille dans son âge de floraison n’en inspire jamais à un homme qui n’est point totalement corrompu.

MOI.

Paroles dorées ! — Paroles dorées ! — Mais cette immutabilité du caractère féminin, cette persistance invétérée, après la transition fatale dont tu parles, dans les errements antérieurs, sais-tu, Berganza, que cela est triste !

BERGANZA.

Cela n’est pas moins vrai ! Nos auteurs comiques l’ont fort bien senti ; aussi, naguère notre scène ne ne désemplissait-elle pas de ces vieilles filles lan-