Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/727

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avec raison, de renier le leur. Aucune ne veut avoir passé la limite fatale, elles se raidissent de toutes leurs forces contre cette nécessité, et se débattent avec acharnement pour conserver la plus petite place en-deçà de la barrière sacrée qui, une fois franchie, leur ferme à jamais le pays enchanté des plaisirs et des beaux rêves. Mais voici venir en foule leurs jeunes et fraîches remplaçantes, et quand chacune d’elles, riant sous les roses, demande « Quelle est cette femme triste et sans parure ? que vient-elle faire parmi nous ? » alors il faut s’enfuir la honte sur le front, et se réfugier dans le petit jardin d’où l’on peut encore du moins embrasser du regard les trésors d’un printemps écoulé, et à la sortie duquel est écrit le chiffre Trente, plus effrayant pour elles que ne le serait l’ange vengeur avec son épée flamboyante !

MOI.

Tout cela est fort pittoresque ; mais n’est-ce pas aussi plus pittoresque que vrai ? car j’ai connu plus d’une femme qui, même au-delà de cet âge, faisait totalement oublier, par son amabilité, ce que la jeunesse absente avait pu lui ravir.

BERGANZA.

Non-seulement je ne conteste pas un cas pareil, mais j’avouerai même qu’il se présente assez fréquemment. Toutefois, ju maintiens irrévocablement ma proposition. — Oui, une femme raisonnable, qui