Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/733

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MOI.

Je suis curieux, Berganza ! quoique je prévoie encore quelque malheur diabolique !

BERGANZA.

Pour le coup, je m’étais bien promis de pénétrer dans le salon, coûte que coûte. Je m’attachai toute la soirée au professeur, et celui-ci, par pure gratitude de ce que j’avais si bien secondé son espièglerie, choisit un moment propice pour m’ouvrir la porte en cachette ; de sorte que je pus me faufiler derrière le monde et me tapir dans un lieu convenable sans être remarqué.

Cette fois, on avait tendu un rideau dans toute la largeur du salon, et le foyer de lumière, disposé près du plafond, au lieu d’éclairer également tous les objets d’alentour, ne projetait ses rayons que d’un seul côté de la pièce. — Lorsqu’on tira le rideau, on vit sainte Cécile dans son costume pittoresque, exactement comme celle du tableau de Carlo Dolce, assise devant de petites orgues antiques, la tête penchée, et regardant les touches du clavier d’un air pensif, comme si elle eût cherché la traduction matérielle des sons qui paraissaient flotter dans le vague autour d’elle. C’était la reproduction vivante du tableau de Carlo Dolce. Soudain retentit un accord lointain, prolongé et qui se perdit à travers l’espace. Cécile leva doucement la tête. On entendit alors, comme partant d’une très-grande distance,