Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/742

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sinage de Cécile ; une porte entr’ouverte me livra passage, et je vis au même moment Cécile, dans sa magnifique parure de mariée, sortir avec deux de ses amies d’une chambre voisine. Il aurait été imprudent de me montrer alors, je me blottis donc dans un coin et je les laissai passer. Resté seul, je me sentis attiré par un doux parfum qui s’exhalait d’une pièce voisine. J’y pénétrai, et je me vis dans la chambre nuptiale, odorante et splendide. Une lampe d’albâtre projetait une douce lumière sur tous les objets : j’aperçus l’élégante toilette de nuit de Cécile garnie de riches dentelles, dépliée sur le sofa. Je ne pus m’empêcher de la flairer avec plaisir ; mais tout-à-coup j’entends des pas précipités dans la pièce voisine, et je m’empresse de me cacher auprès du lit. Cécile entra l’air agité, Lisette la suivait, et en peu d’instants sa brillante toilette avait fait place aux simples vêtements de nuit. — Qu’elle était belle ! — Je m’avançai en rampant et en gémissant doucement. « Quoi ! toi ici, mon fidèle chien ? » s’écria -t-elle. Et mon apparition subite à cette heure parut lui causer une émotion toute particulière et surnaturelle : une pâleur soudaine couvrit son visage, et, étendant la main vers moi, elle sembla vouloir se convaincre si j’étais véritablement là, ou si ce n’était qu’un fantôme, une illusion. D’étranges pressentiments devaient l’agiter, car des larmes jaillirent de ses yeux, et elle dit : « Va ! va ! mon bon chien ! il me faut quitter à présent tout ce qui jusqu’ici m’a été cher, parce que je le possède, lui. Ah ! ils me disent qu’il me tiendra lieu de