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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/743

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tout… En effet, il est avec moi bien bon, et il cherche à me plaire, quoique parfois… mais je n’y entends rien ! — Là, va ! va ! » — Lisette m’ouvrit la porte ; mais moi je me glissai sous le lit : Lisette ne dit rien, et Cécile ne l’avait pas remarqué. Elle demeura seule, et dut bientôt ouvrir la porte à l’impatient époux qui paraissait être ivre, car il se répandit en propos grossiers et obscènes, et rudoya avec ses lourdes caresses la délicate fiancée. En le voyant, avec la frénésie insatiable d’un libertin énervé, dévoiler effrontément les charmes les plus secrets de la jeune fille pudique, et celle-ci, comme un agneau offert en sacrifice, supporter en pleurant et en silence les affronts de ces mains brutales, j’étais déjà plein de fureur, et je grondais involontairement entre mes dents, mais je ne fus pus entendu. — Enfin il prit Cécile dans ses bras et voulut la porter dans le lit, mais l’ivresse agissait toujours davantage, il chancela avec elle, et Cécile ayant heurté de la tête contre le bois du lit, elle jeta un cri. Puis elle s’arracha de ses bras et s’élança prompte- ineitt dans le lit. — « Chérie ! suis-je donc saoul ?… Ne te fâche pas, chérie ! » balbutia-t-il d’une voix mal assurée en arrachant sa robe de chambre pour la suivre. Mais saisie d’un effroi subit à l’idée du traitement honteux que lui réservait cet indigne débauché, qui dans l’épouse chaste et pure comme les anges ne voyait qu’une vénale fille de joie, elle s’écria avec l’accent déchirant du désespoir :« Malheureuse que je suis ! qui me défendra contre cet homme ? » À ces mots, je m’élance avec fureur de dessous le lit, j’entame