Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/746

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rais dire social. Au lieu, comme autrefois, de terrasser un méchant ennemi ou de saisir au flanc un noir dragon, en brave chien de chevalier, je danse maintenant au son de la flûte de Tamino, et je fais peur à Papageno7. Ah ! mon ami, c’est une rude tâche pour un honnête chien que de se trimousser ainsi pour vivre ! Mais, dis-moi, comment trouves-tu mon histoire de la nuit des noces ?

MOI.

Franchement, cher Berganza, il me semble que tu as vu la chose trop en noir. Cécile pouvait bien être douée par la nature de rares facultés pour de- venir une artiste, je l’accorde —

BERGANZA.

Douée de rares facultés pour devenir artiste ? — Ah, mon ami ! si tu avais seulement entendu trois notes de son chant, tu dirais que la nature a mis en elle le charme le plus touchant, le plus mystérieux de cette harmonie divine qui ravit les êtres ! —

Ô Jean ! Jean ! c’est ce que tu répétas bien souvent. — Mais poursuis ton objection, mon poétique ami !

MOI.

Ne te formalise pas, Berganza. — Je dis donc qu’il est possible que Georges fût en effet une bête brute (pardonne-moi cette locution), mais le naturel de Cécile n’aurait-il pas pu humaniser, enno-