Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/745

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temps de gagner le large : je me ruai contre une porte de derrière qui par bonheur se trouvait entrebâillée, et qui donnait sur le vaste jardin. La troupe ennemie me suivait de près avec un grand fracas ; le coup de feu avait réveillé les voisins ; les mots de chien enragé, un chien enragé ! retentissaient de toutes parts, et j’entendais siffler dans l’air les projectiles de toute sorte. Enfin, je pris de l’avance, et après trois bonds infructueux, je parvins à franchir le mur d’enceinte. Alors je courus sans m’arrêter à travers champs, et je ne pris un peu de repos qu’après être arrivé sain et sauf dans cette résidence, où d’étranges circonstances m’ont procuré une condition au théâtre.

MOI.

Comment, Berganza ! toi au théâtre ?

BERGANZA.

Tu sais bien que c’est chez moi un vieux penchant.

MOI.

Oui, je me souviens du récit que tu as déjà fait à ton ami Scipion de tes exploits héroïques sur la scène : tu les a donc renouvelés ici ?

BERGANZA.

Nullement. Ainsi que nos héros de théâtre, je suis devenu maintenant tout-à-fuit apprivoisé, je pour-