Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/757

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MOI.

Oh ! pour cette vile denrée (et je dois malheureusement convenir qu’on en trouve ici plus qu’on n’en veut), je l’abandonne sans scrupule à la discrétion de messieurs les régisseurs qui peuvent exercer à son sujet leurs crayons noirs et rouges. Car d’ordinaire les ouvrages de cette nature ressemblent aux livres sibyllins, qui en dépit des lacunes dont ils seraient l’objet n’en offriraient pas moins toujours un sens plausible, sans qu’on pût s’apercevoir des suppressions. On trouve en général dans ces pièces une verbeuse abondance, une certaine faconde en vertu de laquelle chaque strophe isolée semble devoir en engendrer une douzaine d’autres et ainsi de suite. Et il est à regretter qu’un grand poète défunt ait propagé ce système de redondance par l’exemple de ses premiers ouvrages.— Oui, oui ! que d’aussi méchantes productions soient impitoyablement mutilées.

BERGANZA.

Ou plutôt supprimées ! Elles sont indignes de paraître sur la scène, je suis entièrement de ton avis ; mais s’il fallait se résoudre à les y tolérer par égard pour les goûts changeants du public qui réclame sans cesse et forcément des nouveautés dans la disette des bons ouvrages, dans ce cas là même, je trouve encore le mode de correction en usage fort dangereux, sinon tout-à-fait inadmissible. Car l’auteur le plus médiocre a aussi ses intentions et des scènes de dé-