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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/789

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attitude, et pour ainsi dire changé en statue, sa lettre d’avis à la main, quoique l’heure de la bourse fût déjà passée depuis long-temps et qu’il n’y eût plus dans la salle que quelques individus solitaires. — Enfin, Traugott vit venir à lui messire Elias Roos, accompagné de deux personnes inconnues. « À quoi donc rêvez-vous encore à une heure aussi avancée, mon digne monsieur Traugott ! avez-vous exactement expédié la lettre d’avis ? » Traugott lui tendit sans réflexion la feuille de papier ; sur quoi messire Elias Roos, avec un geste de désespoir, et frappant du pied par terre avec un courroux progressif, s’écria d’un ton de voix dont toute la salle retentit : « Hélas ! mon Dieu ! déplorables enfantillages ! — Révérend monsieur Traugott ! gendre évaporé, imprudent associé, votre honneur a donc tout-à-fait le diable au corps : la lettre, la lettre d’avis ! ô mon Dieu, le courrier parti !… »

Messire Elias Roos étouffait de colère. Les deux étrangers souriaient à la vue de la singulière lettre d’avis peu susceptible en effet d’aucun emploi. Immédiatement après ces mots :

En réponse à votre honorée du 20 courant qui nous mandait…

Traugott avait dessiné en traits hardis et gracieux les deux figures du vieillard et du page. — Les deux messieurs essayèrent par leurs propos flatteurs de calmer l’esprit de messire Elias Roos. Mais celui-ci, tiraillant dans tous les sens sa perruque ronde, et