Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/79

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aussi marcher sans doute ! » La femme chargea la hotte sur son dos, petit Zach se pendit à son tablier, et ils s’acheminèrent ainsi vers le village.

Ils vinrent à passer devant le presbytère, et le pasteur était justement sur le pas de sa porte avec son plus jeune fils, un bel enfant de trois ans, à la chevelure dorée. Lorsqu’il vit approcher la pauvre femme avec sa lourde hottée et petit Zach pendu à son tablier, il lui cria : « Bonsoir ! mère Lise. Comment allez-vous ? Vous vous êtes chargée d’un fardeau beaucoup trop pesant : vous pouvez à peine poursuivre votre route. Venez ici vous reposer sur ce banc, devant ma porte, ma servante va vous servir quelque rafraîchissement. »

La mère Lise ne se le fit pas dire deux fois. Elle se débarrassa de sa hotte, et elle ouvrait la bouche pour entretenir le respectable ministre de sa misère et de son désespoir, lorsque petit Zach, à la subite conversion que fit sa mère, perdit l’équilibre et roula aux pieds du pasteur. Celui-ci se baissa promptement, et releva le petit en disant : « Ah ! mère Lise, mère Lise ! quel charmant et superbe enfant vous avez là. Mais c’est une véritable bénédiction du ciel que de posséder un enfant aussi merveilleusement beau. » En parlant ainsi, il prit le petit dans ses bras et se mit à le caresser, sans paraître s’apercevoir des grognements et des miaulements aigus du malhonnête marmouset, qui voulut même mordre le nez du vénérable ecclésiastique.

Mais dame Lise restait tout ébahie devant ce spectacle, ouvrant de grands yeux qu’elle tenait