Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/793

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nure de Traugott. Dans le cas contraire, tout mon bavardage n’aura servi à rien, et tu seras libre de considérer le présent récit comme non-avenu.

Les deux autres messieurs sont l’oncle et le neveu, ci-devant marchands, actuellement faisant des affaires avec les capitaux qu’ils ont amassés, et amis intimes de messire Elias Roos, c’est-à-dire en relation d’intérêt avec lui pour des sommes considérables. Ils demeurent à Kœnigsberg, ils sont vêtus tout-à-fait à l’anglaise, portent avec eux un tire-bottes d’acajou fait à Londres, sont des amateurs d’art distingués, et se recommandent en général par la politesse et le bon ton de leurs manières. L’oncle possède un cabinet d’objets d’art, et il fait des collections de dessins (témoin la lettre d’avis dérobée à Traugott).

À la vérité, lecteur bénévole, c’était surtout mademoiselle Christine qu’il m’importait de te dépeindre le plus fidèlement possible, car je prévois que son image fugitive disparaitra bientôt de la scène. Je ferai donc bien de lui consacrer immédiatement quelques lignes. Figure-toi, cher lecteur, une personne de moyenne taille, bien nourrie, âgée de 22 ou 23 ans, le visage rond, le nez court et un peu retroussé, des yeux d’un bleu limpide et caressant, qui ont l’air de sourire complaisamment à tout le monde, et de dire : Je vais me marier bientôt. Sa peau est d’une blancheur éclatante, ses cheveux ne sont pas décidément roux. Elle a des lèvres un tant soit peu lascives, et une bouche un peu trop grande, il est vrai, et qu’elle contracte d’une manière