Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/794

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

assez singulière, mais en découvrant alors deux rangées de dents blanches comme des perles. Si par aventure un incendie, dévorant la maison voisine, projetait les flammes jusques dans sa chambre, ce ne serait qu’après avoir donné à son serin sa pâture habituelle et rangé soigneusement le linge revenu de la lessive, qu’elle irait prévenir messire Elias à son comptoir que le logis court risque d’être brûlé. Jamais il n’est sorti de ses mains un gâteau aux amandes imparfait, et jamais elle n’a manqué une sauce au beurre, car elle est incapable de tourner une seule fois par distraction la cuillère en sens inverse.

Messire Elias Roos avait déjà versé le dernier verre de vieux vin de France à ses convives. Je remarquerai seulement en passant que Christine ressentait pour Traugott l’affection la plus vive, en raison de son prochain mariage avec lui, car de quoi diable se serait-elle occupée si elle n’était pas devenue la femme de quelqu’un ? — Après le dîner, messire Elias Roos proposa à ses hôtes une promenade sur les remparts. Avec quel plaisir Traugott, dont l’âme n’avait jamais éprouvé autant d’étranges sensations que dans cette journée, ne se serait-il pas séparé de la société ! mais la chose était impraticable. Car au moment où il allait franchir le seuil de la porte, sans même avoir baisé la main de sa future, messire Elias l’attrapa par le pan de son habit en s’écriant : « Mon digne gendre, aimable associé, vous ne nous quitterez pas ainsi ? » Et Traugott fut obligé de demeurer.