Aller au contenu

Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/801

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

II.


Ne sais-tu pas, cher lecteur, que les révélations qui descendent dans notre âme du monde idéal de l’amour commencent par l’affecter d’une douleur aiguë et sans espoir ? Eh bien, tels sont aussi les doutes qui martyrisent le cœur de l’artiste à son début. Il voit, il comprend la perfection, la beauté suprême, et se débat sous l’impuissance de la réaliser. Mais bientôt un courage divin le ranime, il combat, il persévère, et à sa défiance de lui-même succède une douce inspiration qui l’échauffe et l’anime à poursuivre incessamment l’objet de ses vœux, duquel il approche de plus en plus, sans pourtant l’atteindre jamais.

Ce fut précisément ce découragement profond qui vint s’emparer de l’âme de Traugott, quand le lendemain matin il jeta un nouveau coup-d’œil sur les dessins épars sur sa table. Tout cela lui parut insignifiant et ridicule au suprême degré, et il se rappela alors les paroles d’un de ses amis profondément versé dans les arts, qui disait souvent qu’il résultait un grand abus, et peu de profit pour l’art,