Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/803

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on. Traugott se retourna, et reconnut, comme il s’y attendait, le vieillard singulier qui s’adressait à un courtier pour le placement de quelques valeurs fort discréditées en ce moment. Derrière le vieillard, il aperçut le joli jeune homme, qui l’envisageait d’un regard empreint tout à la fois de tristesse et de bienveillance. Traugott s’approcha vivement du vieillard, et lui dit : « Permettez : Monsieur ! le papier que vous désirez négocier est bien au taux qu’on vient de vous indiquer, mais son cours ne saurait manquer de s’améliorer d’ici à peu de jours d’une manière très-sensible ; si vous voulez donc bien agréer mon conseil, attendez encore un peu de temps pour échanger ces valeurs.

» Eh, Monsieur ! répliqua le vieillard d’un ton passablement brusque, en quoi mes affaires vous regardent-elles ? Et savez-vous si à l’heure qu’il est ce chiffon de papier a pour moi la moindre valeur, tandis que de l’argent comptant peut m’être absolument nécessaire ? »

Traugott, passablement interdit devoir sa bonne intention si mal interprétée, faisait déjà mine de s’éloigner, quand il vit le jeune homme lui adresser de nouveau un regard suppliant, et presque les yeux en pleurs. « Je parle dans votre intérêt, dit Traugott au vieillard avec empressement, et je ne souffrirai pas que vous subissiez une perte considérable. Je m’offre à prendre ce papier, à condition de vous remettre d’ici à quelques jours l’excédant de valeur qu’il doit acquérir.

» Vous êtes un singulier homme, dit le vieillard.