Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/815

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


III.


L’hiver était passé : déjà l’aimable printemps faisait reverdir les bois et émaillait les prairies. Messire Elias Roos en profita pour engager Traugott à se mettre au régime du petit-lait et des eaux minérales. Christine se réjouissait de voir approcher le moment de son mariage, et pourtant Traugott n’était guère assidu auprès d’elle, et avait presque oublié leurs engagements mutuels.

Un règlement de compte indispensable avait une fois retenu Traugott au comptoir toute la journée, et il fut obligé de renoncer à sa leçon de peinture. Ce ne fut qu’à la chute du jour qu’il put s’esquiver pour se rendre à la demeure éloignée de Berklinger. Il ne trouva personne dans l’antichambre ; mais les sons d’un luth, qui partaient d’une pièce voisine, le frappèrent : c’était la première fois qu’il entendait faire de la musique dans la maison. Il prêta l’oreille. Les douces modulations d’une voix plaintive s’alliaient par intervalles aux accords de l’instrument. Enfin, il s’avança et ouvrit la porte. Ciel ! devant lui une femme assise, le dos tourné, vetue de