Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/816

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’ancien costume allemand, avec une haute collerette dentelée, exactement comme le portrait de Felicitas. Au bruit que fit naturellement Traugott en entrant, la musicienne se leva et tourna la tête en déposant son luth auprès d’elle.

« Felicitas ! c’est elle ! » s’écria Traugott avec un transport de joie. Il voulait se précipiter aux genoux de cette apparition divine et adorée, quand il se sentit appréhendé au collet par une main vigoureuse, et entrainé en arrière avec une force athlétique. « Misérable ! infâme ! s’écria le vieux Berklinger, en le poussant violemment sur le seuil, c’était donc là ta passion pour l’art ! — C’est à ma vie que tu en veux ! » Et en même temps il fit un dernier effort pour le jeter dehors, et il s’armait déjà d’un large couteau. — Traugott descendit l’escalier, éperdu, et rentra en courant chez lui à moitié fou de terreur et de joie.

Il se roulait dans son insomnie sur sa couche : « Felicitas ! Felicitas ! s’écria-t-il dans l’égarement de la douleur et de sa passion, tu existes, et il me sera interdit de te voir, de te presser contre mon cœur !… Tu m’aimes : ah ! je le sais, à l’angoisse douloureuse qui m’oppresse je sens que tu m’aimes… » Les rayons du soleil pénétrèrent enfin dans sa chambre. Il se leva alors, et résolut, quoi qu’il en pût coûter, de découvrir le mystère que recélait la maison de Berklinger. Il se rendit en hâte à son logis ; mais quelle fut sa stupéfaction en trouvant