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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/827

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parcourait ses veines, et pourtant il lui semblait qu’en s’engageant par de nouveaux liens indissolubles, il trahissait son premier amour.

C’est ainsi que les sentiments les plus opposés luttaient dans son âme ; il ne pouvait prendre un parti, et il évitait la rencontre du vieux peintre. Mais celui-ci imaginait que Traugott songeait à le tromper lui et sa fille. D’ailleurs, il avait déjà plus d’une fois parlé du prochain mariage de sa fille avec le jeune artiste comme d’une chose presque arrêtée, et ce n’était que dans cette croyance qu’il avait souffert les rapports familiers établis entre Traugott et Dorina, qui sans cela pouvait voir sa réputation griévement compromise. Le vieil Italien sentait son courroux fermenter, et un jour enfin il déclara positivement à Traugott qu’il lui fallait ou épouser sa fille, ou la quitter à l’instant, et qu’il ne souffrirait pas une heure de plus sa présence dans la maison sur le même pied.

Traugott, plein de dépit et d’un chagrin mortel, ne vit plus dans le vieillard qu’un vulgaire entremetteur. Sa propre condition chez cet homme lui parut méprisable ; et il se faisait des reproches amers d’avoir abandonné ainsi Felicitas. Il prit congé de Dorina, le cœur navré, mais il rompit violemment cette séduction dangereuse. Il se mit précipitamment eu route pour Naples, pour Sorrente.

Il passa une année à la recherche assidue de Berklinger et de sa fille Felicitas, mais ce fut en vain : on ne put lui fournir aucun renseignement sur leur compte. Un vague soupçon, fonde sur le bruit qu’un