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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/830

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pas que le sieur Aloysius Brandstetter, notre honorable échevin et doyen, a donné à sa petite maison de campagne située dans le petit bois de sapins auprès du Karlsberg, et non loin du Marteau de Conrad, le nom de Sorrente ? C’est lui qui a acheté les tableaux de Berklinger, et il a recueilli chez lui le vieux peintre et sa fille, à Sorrente. C’est là qu’ils ont vécu plusieurs années, et il vous eût été facile, mon très-honoré monsieur Traugott, en prenant la peine de monter au sommet de Karlsberg, de dominer du regard le jardin où se promenait mademoiselle Felicitas, vetue de l’ancien et pittoresque costume allemand représenté par ces peintures. Vous pouviez vous dispenser de faire le voyage d’Italie. Depuis, le vieux peintre… Mais ceci est un triste récit à faire…

» Continuez toujours, dit Traugott d’un air sombre. — Eh bien, poursuivit le courtier, le jeune Brandstetter, à son retour d’Angleterre, vit mademoiselle Felicitas, et en devint épris. Il la surprit seule au jardin, tomba à deux genoux devant elle d’une façon très-romantique, et lui jura de la délivrer, en l’épousant, de la tyrannie dont elle était victime. Mais le vieillard était à quelques pas de la, sans que les deux jeunes gens s’en fussent aperçus, et au moment où Felicitas disait : « Je vous donne ma foi ! » il tomba à la renverse avec un cri étouffé… il était mort. — On assure que le cadavre offrait un aspect horrible, et qu’il était bleu et sanglant par suite de la rupture inexplicable d’une artère principale. De ce moment, mademoiselle Felicitas prit en