Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/109

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V


LA REYNIE accueillit mademoiselle de Scudéry avec ces égards respectueux auxquels la digne dame, distinguée par le Roi lui-même, pouvait justement prétendre. Il écouta tranquillement tout ce qu’elle lui communiqua sur les circonstances du crime, sur la position d’Olivier, sur son caractère. Mais cependant, en échange de ses protestations, mêlées de larmes abondantes, de ses exhortations sur le devoir d’un juge, obligé, comme le protecteur et non l’ennemi de l’accusé, de prendre à cœur tout ce qui pouvait militer en sa faveur, un sourire imperceptible et presque ironique était le seul signe évident que ces discours ne résonnaient pas devant des oreilles absolument sourdes. Lorsqu’enfin la demoiselle se tut, épuisée et essuyant ses yeux baignés de larmes, La Reynie s’exprima ainsi : « Il est tout à fait digne de votre excellent cœur, mademoiselle, d’avoir, attendrie par les pleurs d’une jeune fille amoureuse, ajouté foi à tout ce qu’elle vous a dit, et de n’être pas même susceptible de concevoir l’idée d’une atrocité horrible ;