Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/11

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de diamants. Il s’attendait à vendre ce bijou précieux à vil prix, lorsqu’il arriva, dans le même hôtel où il était logé, un jeune seigneur précisément en quête d’une montre pareille, et qui acheta la sienne à un taux supérieur à sa valeur réelle. Un an s’était écoulé, et Siegfried était devenu son maître, quand il lut un jour dans une gazette l’annonce d’une montre mise en loterie ; il prit un billet pour une bagatelle, et gagna la montre en or garnie de brillants qu’il avait vendue. Peu de temps après, il la troqua contre une bague de prix. Depuis il s’engagea temporairement au service du prince G***, et celui-ci lui fit remettre, lors de son départ, comme un gage de sa bienveillance, la même montre d’or garnie de diamants avec une chaîne magnifique.

À propos de cette histoire on en vint à parler de la répugnance obstinée du jeune baron pour le jeu, quoique son bonheur constant eût dû lui inspirer plus qu’à personne la disposition contraire ; et bientôt l’on tomba d’accord que Siegfried, malgré la foule de ses qualités brillantes, était intéressé et beaucoup trop méticuleux et trop près regardant pour s’exposer à la perte même la plus modique. On ne remarqua pas que la conduite du baron démentait formellement tout soupçon d’avarice ; et comme presque toujours le plus grand nombre est enchanté de pouvoir se venger de la réputation d’un homme remarquable, grâce au correctif d’un mais insidieux, comme ce mais se trouve toujours quelque part, dût-il n’avoir de fondement que dans l’imagination des détracteurs, on adopta généralement comme