Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/112

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arrive souvent aux vieilles gens. Cette nuit-là, il ne put réussir à fermer l’œil. Alors la servante traversa le vestibule de la maison pour se procurer du feu dans la cuisine, et, à neuf heures et demie à peu près, elle s’assit à la table avec maître Claude et se mit à lire une vieille chronique, tandis que le vieillard, livré au cours de ses idées, tantôt demeurait assis dans le fauteuil, tantôt se levait, et pour gagner du sommeil et de la fatigue, marchait de long en large d’un pas lent et mesuré.

» Tout resta silencieux et tranquille jusqu’à minuit. À cette heure, ils entendirent au-dessus de leurs têtes des pas lourds, une chute pesante, comme celle d’un poids considérable tombant par terre, et aussitôt après de sourds gémissements. Ils furent saisis tous deux d’une frayeur et d’un tremblement extrêmes. L’horreur du crime affreux qui se commettait leur frappa l’imagination. — Le jour vint révéler ce qui s’était passé dans le silence des ténèbres.

— Mais, s’écria mademoiselle de Scudéry, au nom de tous les saints, quel motif pouvez-vous trouver à ce forfait digne de l’enfer, après toutes les particularités que je vous ai fait connaître.

— Hem ! repartit La Reynie, Cardillac n’était pas pauvre ; il possédait des pierreries magnifiques.

— Oui, répliqua-t-elle, mais sa fille ne devait-elle pas hériter de tout cela ? Vous oubliez qu’Olivier allait devenir le gendre de Cardillac ?

— Peut-être s’était-il obligé à partager, ou bien il ne commettait le crime que pour le compte d’autrui, dit La Reynie.