Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Partager ! tuer pour le compte d’autrui ! s’écria mademoiselle de Seudéry dans le plus grand étonnement.

— Apprenez, mademoiselle, poursuivit le président, qu’Olivier n’aurait tant tardé à porter sa tête sur la place de Grève, si son crime ne devait pas se renouer à cette série d’attentats mystérieux qu ont jeté récemment dans Paris tant d’épouvante. Olivier appartient évidemment à cette bande infâme, qui se riant des efforts, de la surveillance et des recherches de la justice, savait faire ses coups impunément et comme en sécurité. Mais par lui tout s’éclaircira. — Tout doit s’éclaircir. La blessure de Cardillac est absolument semblable à celles qu’ont reçues toutes les victimes de ces meurtres et de ces vols, tant dans les rues que dans l’intérieur des maisons. Mais, du reste, une raison encore plus péremptoire, c’est que depuis qu’Olivier Brusson est arrêté, il n’est plus question ni de vols ni d’assassinats, et les rues sont aussi sûres pendant la nuit que dans le jour : preuve suffisante qu’Olivier était sans doute le chef de cette bande d’assassins. Il a refusé jusqu’ici de faire aucun aveu ; mais il y a des moyens pour le faire parler malgré ses résolutions.

— Et Madelon, dit mademoiselle de Scudéry, l’innocente et naïve colombe ?

— Eh ! qui me répond, dit La Reynie, avec un rire sardonique, qu’elle n’a pas trempé dans le crime ? Quel intérêt lui inspire son père ? Ce n’est qu’en honneur de l’assassin que coulent ses larmes.

— Que dites-vous ! s’écria mademoiselle de Scudéry.