Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/115

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sous toutes ses faces, dans deux heures les portes de la Conciergerie seront ouvertes pour vous. On mettra en votre présence cet Olivier dont le sort excite si puissamment votre intérêt. »

En effet, mademoiselle de Scudéry ne pouvait se persuader que ce jeune homme fut coupable. Tout s’élevait contre lui, et nul juge au monde n’aurait agi autrement que La Reyuie sur des témoignages aussi décisifs. Mais la vive et émouvante peinture que Madelon lui avait tracée de leur constante félicité domestique, faisait taire tous les soupçons dans l’esprit de la demoiselle, et elle préférait croire à un mystère inexplicable, que d’adopter un sentiment contre lequel se révoltaient toutes les facultés de son âme.

Elle songea donc à se faire raconter de nouveau par Olivier toutes les circonstances de la nuit fatale, et à approfondir autant que possible un secret qui n’était peut-être resté impénétrable aux juges qu’à cause du peu d’importance attachée par eux à son éclaircissement complet.

Dès qu’elle fut arrivée à la Conciergerie, on conduisit mademoiselle de Scudéry dans une grande chambre très vivement éclairée. Peu de temps après, elle entendit un bruit de chaînes. Olivier Brusson fut introduit. Mais au moment même où il parut sur le seuil de la porte, mademoiselle de Scudéry tomba évanouie. Lorsqu’elle revint à elle, Olivier avait disparu. Elle demanda vivement qu’on la reconduisit à sa voiture, disant qu’elle voulait sortir, sortir sur-le-champ du séjour qu’habitait la plus noire scélératesse.