Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/114

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Est-ce donc possible ? son père ! cette jeune fille !

— Oh ! poursuivit La Reynie, pensez seulement à la Brinvilliers ! Vous me pardonnerez enfin si je me vois peut-être bientôt contraint de réclamer votre protégée, pour la faire conduire à la Conciergerie. »

Mademoiselle de Scudéry frissonna à cette affreux supposition. Il lui semblait qu’il ne pouvait exister rien de vertueux ni d’honorable aux yeux de cet homme terrible, épiant les plus secrets mouvements du cœur, interprétant les pensées les plus intimes pour y trouver des intentions criminelles et sanguinaires. Elle se leva. — « Soyez humain ! » Ce fut tout ce qu’elle put dire, oppressée et respirant à peine.

Déjà arrivée sur le perron de l’escalier, jusqu’où l’avait accompagnée le président avec une politesse cérémonieuse, il lui vint, sans qu’elle sut comment, une étrange pensée. « Me serait-il permis de voir le malheureux Olivier Brusson ? » demanda-t-elle au président, en se retournant brusquement. Celui-ci la regarda d’un air pensif, et ce sourire désagréable qui lui était propre vint contracter son visage. «Vous voulez sans doute, dit-il, respectable demoiselle. apprécier par vous-même le degré d’innocence d’Olivier, vous confiant davantage à votre prévention, à votre jugement intérieur, qu’aux faits accomplis devant nos yeux. — Eh bien, si vous ne craignez pas de pénétrer dans la sombre demeure du crime, si vous ne répugnez pas à voir le tableau de la dépravation humaine