Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/142

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c’est à toi. — Prends donc ! — À quoi bon des diamants pour un mort ! » — Bientôt je m’exerçai à des tours d’escroquerie. J’avais accès dans les maisons des grands, je profitai habilement de la moindre occasion ; aucune serrure ne résistait à mon adresse, et les parures que j’avais façonnées retombaient promptement dans mes mains. — Et cependant cela même devint insuffisant pour calmer l’agitation qui me dévorait. La voix sinistre vint m’étourdir de nouveau, et je l’entendais murmurer avec ironie : « Hoho ! ce sont les morts qui se parent de tes ouvrages ! » — Je ne sais plus moi-même comment j’en vins à ressentir une haine inexprimable pour tous ceux qui m’avaient commandé quelque parure, et je sentis même s’allumer contre eux, au fond de mon être, une soif avide de sang, qui me fait secrètement frémir d’horreur.

» ”À cette époque, j’achetai cette maison ; j’avais conclu le marché avec le propriétaire, nous étions assis là dans cette chambre, tous deux satisfaits de l’arrangement de cette affaire, et nous vidions un flacon de vin. La nuit était venue, je voulais me retirer, mon vendeur me dit alors : « Écoutez, maître Réné, avant que vous partiez, je dois vous faire connaître un secret de cette maison. » Là-dessus, il ouvrit cette armoire pratiquée dans le mur, il déplaça la cloison de derrière, me fit entrer dans une petite chambre, se baissa et souleva une trappe. Nous descendîmes un escalier étroit et raide, qui nous conduisit à un petit guichet qu’il ouvrit, et nous entrâmes dans la cour. Alors le vieux monsieur, mon