Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/143

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vendeur, se dirigea vers la muraille, poussa un bouton de fer à peine saillant, et aussitôt une partie du mur tourna et laissa voir une ouverture par laquelle un homme pouvait commodément passer et arriver dans la rue. Tu verras, Olivier, cet ouvrage remarquable, que des moines rusés du couvent, qui occupait autrefois cette localité, ont probablement fait faire, afin de pouvoir sortir et rentrer secrètement. C’est une porte de bois, recouverte extérieurement d’une couche de chaux et de mortier, et à laquelle est adaptée en dehors une statue également en bois, mais qui a toute l’apparence de la pierre ; et tout l’appareil se meut sur des gonds invisibles.

» ”De sombres pensées vinrent m’assiéger l’esprit à la vue de cet adroit mécanisme ; il me semblait avoir été disposé là, à l’avance, comme pour favoriser les actions coupables dont je n’avais encore moi-même qu’un pressentiment confus. — Précisément à cette époque, je venais de livrer à un seigneur de la cour une riche parure, que je savais être destinée à une danseuse de l’Opéra. Le démon n’omit pas cette occasion de m’envenimer l’esprit. — Le spectre s’attacha à tous mes pas. — Sa voix sinistre tintait à mon oreille ! J’emménageai dans la maison. Baigné d’une sueur froide comme du sang figé, dans mon insomnie fiévreuse, je me roulais haletant sur ma couche ! — Tout à coup, je vois en idée cet homme se glisser chez la danseuse avec ma parure. Transporté de fureur, je me lève, — je jette mon manteau sur moi, je descends l’escalier dérobé, je sors par la