Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/146

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Je choquai mon verre contre le sien rempli jusqu’au bord, et, quand il l’eut vidé, il reprit : “Dis-moi, Olivier, comment trouves-tu ces vers :

Un amant qui craint les voleurs
N’est point digne d’amour.”

» Alors il me raconta ce qui s’était passe dans les appartements de madame de Maintenon, entre vous et le roi ; puis il ajouta qu’il vous honorait depuis longtemps au-delà de toute expression, qu’en présence d’une vertu si parfaite, sa mauvaise étoile pâlissait impuissante, et que vous pourriez certainement vous parer du plus bel ouvrage de ses mains, sans jamais éveiller son fatal génie, ni lui susciter aucune pensée de meurtre. “Écoute, Olivier, me dit-il, ce que j’ai résolu. Il y a longtemps que je devais faire un collier et des bracelets pour la princesse Henriette d’Angleterre7, et même en fournir les pierreries. J’ai réussi dans mon travail mieux que jamais, mais je me sentais le cœur déchiré à la pensée de me séparer de cette parure, devenue mon trésor de prédilection. Tu connais la fin malheureux de la princesse, victime d’une lâche perfidie. J’ai donc gardé la parure ; eh bien, maintenant, je veux l’envoyer, comme un témoignage de mon respect, de ma reconnaissance, à mademoiselle de Scudéry, au nom de la bande persécutée. — En même temps que mademoiselle de Scudéry recevra cet hommage solennel dû à son mérite, ce sera une juste et mordante