Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/148

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adressant à mademoiselle de Scudéry les plus beaux joyaux que j’aie fabriqués, je dépose aux pieds de la vertu personnifiée une humble et pieuse offrande, qui doit solliciter pour moi une intercession efficace.”

» Cardillac, mademoiselle, instruit fort exactement de toute votre manière de vivre, m’apprit de quelle manière et à quelle heure je devais vous remettre la parure, qu’il renferma dans un coffret élégant. — Pour moi, j’étais rempli d’un ravissement inexprimable : car le ciel lui-même, par l’entremise du criminel Cardillae, m’indiquait le moyen d’échapper à l’affreuse situation où je languissais, comme un réprouvé dans l’enfer. Telle fut du moins ma pensée ; c’était dans une intention tout à fait opposée aux desseins de Cardillnc que j’ai voulu pénétrer jusqu’à vous. C’est comme fils d’Anne Brusson, comme votre pupille chéri, que j’avais résolu de venir me jeter à vos pieds et de vous avouer tout. Compatissant au désespoir inexprimable qui devait accabler l’innocente, la pauvre Madelon le jour d’une catastrophe, vous auriez gardé le secret ; mais votre esprit élevé et clairvoyant aurait certainement trouvé des moyens sûrs de réprimer, sans rien compromettre, la scélérate perversité de Cardillac. Ne me demandez pas en quoi ces moyens pouvaient consister, je n’en sais rien : mais la conviction que vous nous sauveriez, Madelon et moi, reposait dans mon âme, aussi fermement que la foi en la sainte Vierge et sa protection consolatrice.

» Vous savez, mademoiselle, que mon projet avorta