Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/163

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IX


IL SAGISSAIT à présent d’aborder le Roi, et c’était là le point le plus difficile ; car le Roi était pénétré d’une telle horreur contre Brusson, qu’il regardait comme l’unique criminel et le lâche assassin qui, pendant si longtemps, avait plongé tout Paris dans la désolation et la terreur, que la moindre allusion au funeste procès le mettait dans la plus violente colère. Madame de Maintenon, fidèle au principe qu’elle avait adopté de ne jamais entretenir le Roi de choses désagréables, refusait absolument son entremise dans cette affaire, et le sort de Brusson se trouvait ainsi remis tout entier entre les mains de mademoiselle de Scudéry.

Après avoir longtemps réfléchi, elle prit une soudaine résolution, qu’elle exécuta avec la même célérité. Elle s’habilla d’une robe noire en étoffe de soie, elle se para des bijoux précieux de Cardillac, attacha par-dessus un long voile noir, et parut ainsi dans les appartements de madame de Maintenon, à l’heure même où le Roi s’y trouvait. La noble figure