Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

enfin, la manière dont elle l’avait délivrée des mains de Desgrais, aux acclamations de la multitude. Et puis, vinrent les entrevues avec La Reynie, avec Desgrais, avec Brusson lui-même, et l’intérêt de son récit gagnait de plus en plus ses auditeurs. Le Roi, eiitraiué par la vive et brûlante émotion que mademoiselle de Scudéry communiquait à ses paroles, oubliant qu’il fût question de l’odieux procès de cet indigne Brusson, écoutait sans pouvoir prononcer une parole, et laissait seulement, de temps en temps, échapper une exclamation qui trahissait son agitation intérieure.

Avant qu’il pût s’en douter, interdit de tout ce qu’il venait d’apprendre, et maître à peine encore de rétablir l’ordre dans ses idées, mademoiselle de Scudéry était tombée à ses pieds, et implorait la grâce d’Olivier Brusson.

« Que faites-vous, mademoiselle ! dit enfin le Roi en lui saisissant les deux mains et la forçant à se rasseoir, — ma surprise est inouie. — Mais c’est une histoire épouvantable ! — Qui me garantit pourtant la véracité de Brusson dans ce romanesque récit ? » Mademoiselle de Scudéry répondit aussitôt : « Les déclarations du comte de Miossens, — les perquisitions à. faire dans la maison de Cardillac, — le cri d’une conviction intime, — hélas ! le cœur vertueux et pur de Madelon qui avait apprécié une égale vertu dans le malheureux Brusson ! »

Le Roi allait répliquer quelque chose, quand un léger bruit à la porte de l’appartement lui fit tourner la tête. Louvois, qui travaillait en ce moment même dans une pièce